Ce chapitre utilise des mots et des expressions que certaines personnes pourraient trouver offensants.
Plusieurs mots sont souvent entendus mais qui sont très vulgaires et tout à fait incorrect d'employer. Ils font souvent référence au sexe comme en français. En voici un très courant :
jebati (jebe) enculer (vulgaire !)
Attention : ce verbe est extrêmement impoli et vulgaire dans la plupart des cas et son emploi n'est que rarement utilisé dans son sens premier.
Le verbe donne lieu à l'adjectif jeben et il est souvent utilisé comme intensificateur, exactement comme le mot français putain (il doit donc être décliné et accordé selon le genre et le nombre comme n'importe quel adjectif) :
Taj mobitel je jebenoskup.Putain ce téléphone portable est cher.
Il existe deux expressions assez courantes avec ce verbe, qui ressemblent à des « mots-émoticônes » (parfois abrégés dans les écrits familiers, par exemple sur les forums Internet) :
jebo te / jebote (abréviation jbt)
= étonnement jebi ga / jebiga (abréviation jbg)
= résignation
La paire de verbes la plus courante formée à partir de ce verbe est :
zajebavati («) ~ zajebati (zajebe) foirer
Ce verbe est considéré comme familier contrairement au verbe dont il est dérivé, et on peut même l'entendre dans des réunions moins formelles au travail.
Suivi d'un COD à l'A, ce verbe a le sens de gâcher qqch, merder :
Zajebao sam.J'ai tout gâché.
Cependant, il est plus courant d'utiliser cette paire avec le pronom se². Son sens premier est « faire une erreur » et l'emploi du verbe impf. avec se² est « faire n'importe quoi ».
Voici le mot le plus vulgaire dans la langue croate. Ce mot, utilisé comme signe de ponctuation dans une phrase, remplit souvent une pause, exprimée orthographiquement par un tiret ou une virgule, placée selon l'intonation :
kuraс (kurс-) pénis, bite
Dans les textes, il est généralement abrégé en k.... Outre son sens premier, on l'emploie souvent dans un certain nombre d'expressions très familières (mais tout de même considérées comme vulgaires !) avec des significations parfois surprenantes :
boljeti (boli,...) + A + kuraс (kurс-) s'en foutre royalement biti (je² +) + DL + punkuraс (kurс-) (+ G) en avoir marre (de...)
La première expression signifie littéralement « quelqu'un a mal au pénis », mais il s'agit d'une métaphore. Par exemple :
Boli gakuraс.(vulgaire !)
Il s'en fout royalement.
La deuxième expression demande l'emploi du DL. Son sens est littéralement ma bite est pleine (de...), mais on l'emploie lorsqu'on ne supporte plus quelque chose :
Punmi je kuraсpolitičara.(vulgaire !)
J'en ai marre de ces putain de politiciens.
On peut entendre des femmes utiliser ces expressions purement métaphoriques.
Le terme kuraс (kurс-) peut s'employer pour décrire que quelque chose échoue complètement ou est en très mauvais état, un peu comme le mot enfer, mais considéré comme beaucoup plus vulgaire :
Sveideići u kuraс.
(vulgaire !)
Tout part en couilles.
Ivan je u kurсu. (vulgaire !)
Ivan est dans la merde.
Comme ce mot est vraiment vulgaire, on le remplace souvent dans le même sens par banana (j'espère que vous comprenez la métaphore basée sur la forme) :
Država je u banani.
(familier) Le pays est dans la merde.
Cette expression est plutôt considérée comme très familière, on peut donc l'entendre à la TV ou dans n'importe quel lieu public.
Ce mot a également le sens de quelque chose sans valeur dans cette expression :
neki kuraс (kurс-) de la merde
Par exemple :
Unutra je neki kuraс.
(vulgaire !) Il y a de la merde à l'intérieur.
Voici un autre mot très vulgaire qui correspond au sexe féminin :
рičkachatte (vulgaire !)
Voici un emploi très courant même si d'autres expressions existent avec un sens moins fantaisiste que pour kuraс (kurс-) :
рička materinaputain de (ta, sa...) mère (vulgaire !)
Cette expression désuette aujourd'hui : le possessif materinde mère est toujours placé après le nom рička. La forme du possessif est basée sur le nom mati (mater-) f mère, que l'on emploie plus aujourd'hui dans presque toute la Croatie (mais plutôt le nom majka). Certains pensent même qu'il est très vulgaire car ils en ignorent l'étymologie exacte !
Voici une variante de cette expression :
U рičku materinu!
(vulgaire !) Putain !
En voici une autre, avec effet répétitif, si la précédente n'était pas suffisante :
U tri рičke materine!
(vulgaire !) Putain de putain de putain !
À l'écrit, on n'emploie souvent que leurs initiales :
U p.m. !
U 3pm! (et variantes du même type)
Si on ajoute le pronom au DL dans cette expression, cela est une vraie insulte :
Рičkatimaterina!
(vulgaire !) Va te faire foutre !
Soyez prudent avec cette expression, car cela pourrait déclencher une réponse violente selon la personne à qui s'est adressée.
Comme en français, lorsqu'on parle de choses désagréables (maladie, mort), on a tendance à ne pas nommer les choses et utiliser des expressions détournées à la place. Par exemple, lorsqu'une personne décède, la cause du décès est généralement indiquée, mais elle n'est pas exprimée en termes clairs. Les euphémismes courants sont les suivants :
nakon duge i teškebolestiaprès une longue et grave maladie
nakon kratke i teškebolestiaprès une courte et grave maladie
Bien que tous les mots dérivés de jebati (jebe) putain sont tabous dans une certaine mesure, on peut même entendre une chanson pop diffusée dans les grands supermarchés le dimanche matin avec clairement le verbe zajebavat sans que personne ne s'en offusque vraiment. En Croatie, la censure dans les textes des chansons et dans les films est considéré comme une atteinte à l'intégrité d'une œuvre d'art, et cela n'est que très rarement appliqué.
Le choix des chansons diffusées dans les supermarchés croates est très large, allant des tubes croates et internationaux actuels aux classiques alternatifs tels que Love Will Tear Us Apart. Malheureusement, je n'ai jamais entendu iieee.
Les expressions utilisées dans les jurons conservent parfois des formes anciennes, comme mater, dérivé de mati f mère, un nom assez irrégulier qui est aujourd'hui rare en Croatie (à comparer avec le mot français et le latin māter).
Par exemple, ce message manuscrit sur une page d'un livre, collé sur un poteau à Zagreb, par Antonella Šantek, artiste croate, militante et défenseure des sans-abri, dit kad malo bolje razmislim... jebite se svi. à bien y réfléchir... allez tous vous faire foutre :
(Photo gracieusement fournie par A. Šantek)
Priroda i društvoNature et société est une chanson du groupe Elemental – un groupe de hip-hop/rock gauchiste et féministe très populaire originaire de Zagreb, dont les leaders sont Luka Tralić et Mirela Priselac, connus sous leurs noms de scène Shot et Remi.
Dans le texte, figure un certain nombre de mots considérés comme vulgaires et plutôt vulgaires ; le sens de ces mots est toujours métaphorique. Le titre de la chanson est le nom d'une matière enseignée dans les écoles primaires croates, où les élèves apprennent... la nature et la société dans laquelle ils vivent (par exemple, les planètes, les animaux, l'alimentation saine, mais aussi les règles de circulation).
Le texte est long (souvent dans leur répertoire), mais voici les parties intéressantes :
Al pitaj bilo koga
Mais demandez à n'importe qui
u penziju bi išoići passé-m odmah
Il aimerait prendre sa retraite immédiatement
[da možemoćinešto smuljat]
[S'il pouvait détourner quelque chose]
[da komisijatopotpišepotpisati]
[Afin que la commission médicale le signe]
iz firme bi odmah
Il quitterait immédiatement l'entreprise
punmu je kuraс više
Putain, il en a raz le bol
La deuxième ligne utilise le participe prétéritišao, raccourci de manière familière. La paire de verbes utilisée dans la troisième ligne est :
muljati ~*/~ s-détourner, faire quelque chose d'illégal
La chanson continue :
Bog i domovina
Dieu et la patrie
sve je [što imamo]
Tout ce que [nous avons]
kršno tijelo, malena dušo
Un corps robuste, ô petite âme
priroda je lijepa
La nature est belle
al zajebanodruštvo
Mais la société est foutue
Dans la deuxième ligne, la proposition relationnelle [što imamo] est toujours rattachée à l'adjectif utilisé comme pronom svetout, mais le verbe je² est placé à un endroit un peu inhabituel. La proposition relative commence normalement par što (car elle est rattachée à un pronom neutre). Dans la dernière ligne, le verbe je² est omis, car c'est le même qu'à la ligne précédente. Cela est moins courant à l'oral, mais rend le texte plus expressif à l'écrit. Le refrain suit :
To je naša priroda i društvo
C'est notre nature et notre société
nek se rodi dijete
Que l'enfant naisse
al neka bude muško
Mais qu'il soit de sexe masculin
C'est un peu exagéré, car les parents Croates sont heureux également lorsqu'ils ont une fille. Les mots rodi et bude sont des impératifs, et nek est la forme abrégée (familière) de neka, une particule utilisée pour les impératifs à la troisième personne. De même, ak est une forme familière raccourcie de ako, qui signifie "si".
Žalimo se rado
Nous aimons nous plaindre
„za sve je krivBalkan”
« Les Balkans sont responsables de tout »
oni [što vrijedili su
Ceux [qui valaient la peine
nekikuraс] bježali su van
Ces merdes] fuyaient à l'étranger
Dans la troisième ligne figure une proposition relative introduite par što au lieu de koji, ce qui plutôt courant dans la poésie. Dans la dernière ligne on retrouve l'expression neki kuraс, que nous avons vu plus haute et qui signifie de la merde. L'adverbe van de lieu signifie dehors, mais dans ce contexte, il a le sens de à l'étranger, hors du pays.
Šutimo i trpimo
Nous restons silencieux et traversons
a svi žive u strahu
Et tout le monde vit dans la peur
to je ostalo od Juge
Il reste de la Yougoslavie
[di vagali su riječ svaku]
[Où ils pesaient chaque mot]
(Mirela Priselac, Erol Zejnilović, Luka Tralić, Davor Zanoški,
Ivan Vodopijec, Konrad Lovrenčić & Vida Manestar)
La première ligne contient une sorte de phrase, les verbes šutjeti/šutitise taire et trpjeti/ trpitisouffrir, endurer fréquemment utilisés ensemble : le sens est subir quelque chose sans se plaindre.
Le mot Juga est une forme familière abrégée de Jugoslavija.
Dans la dernière ligne figure le mot familier et très fréquent di qui se traduit par où à Zagreb (et dans certaines autres villes, notamment Split et Rijeka). Le nom et l'adjectif sont inversés dans la phrase riječ svaku.
On peut visionner le clip sur YouTube™ (plusieurs versions existent).
Il s'agit d'un spectacle en direct donné dans une rue piétonne menant à la place principale de Zagreb, à côté d'une maquette du centre-ville de Zagreb :
La chanson est ambitieuse et offre quelques observations intéressantes sur la société croate, mais elle révèle également certains stéréotypes. Tout d'abord, tout le monde s'accorde à dire que le pays est magnifique (beaucoup pensent même qu'il est riche), mais il est très facile de trouver des tas d'ordures et des paysages industriels assez laids en Croatie.
Deuxièmement, il existe une tendance dans les milieux libéraux/de gauche de la société croate – qui dominent complètement dans le centre de Zagreb, d'où vient Elemental, et dans certaines autres villes, notamment celles qui ont une prononciation « occidentale », comme Varaždin, Rijeka et Pula – à penser de manière « symétrique ». En voici un exemple :
Slušamo savjete
Nous écoutons les conseils
hodže, popa i prote
D'un imam, d'un prêtre et d'un pope
pa štancamo djecu...
Nous produisons donc des enfants en série...
Le mot hodža, un emprunt au turc, signifie imam ; le mot prota – une forme abrégée de protojerej – désigne un prêtre supérieur dans l'Église orthodoxe serbe. Cependant, en Croatie, l'influence de l'islam est pratiquement inexistante et l'Église orthodoxe serbe est marginale. Mentionner ces trois religions côte à côte est un stéréotype hérité de l'époque de la Yougoslavie. La seule région où ces trois religions ont peut-être eu une influence comparable était et reste la Bosnie-Herzégovine ; même là, ces trois religions avaient et ont des rôles et une influence différents. Enfin, la dernière ligne est tout simplement fausse : le taux de natalité en Croatie est assez faible, inférieur au taux de remplacement ; il est très rare d'avoir plus de trois enfants, et il est assez courant de n'en avoir qu'un seul. (Le verbe štancati est familier, il signifie produire en série, et vient de l'allemand stanzen, presser, poinçonner dans le domaine industriel.)
Il est très courant dans les milieux libéraux de la société croate d'avoir une opinion plutôt négative de toute religion (locale) ; ces mêmes personnes sont souvent attirées par des courants religieux ou de pensée moins traditionnels en Europe comme le bouddhisme.
La chanson fait également écho à un débat important en Croatie : pourquoi la Croatie n'est-elle pas aussi développée que l'Allemagne, la Suisse, la France ou les Pays-Bas ? Qui est responsable ? Tko je kriv? Certains disent que c'est à cause de son passé yougoslave, d'autres de l'influence "orientale" (en général, on fait référence à ce terme Balkanles Balkans, comme ici dans cette chanson), ou que nous sommes les seuls responsables (comme le sous-entend cette chanson).
Notez que cette question implique un autre préjugé, à savoir que l'on attend de la Croatie d'être aussi développée que des pays comme la France ou l'Allemagne.
Malheureusement, cela est loin d'être évident, surtout pour un pays où, en 1880, environ 70 % de la population était analphabète (la situation était encore pire en Dalmatie, avec près de 90 %). Les Croates se sont toujours comparés aux pays les plus riches et les plus développés d'Europe et du monde. Vous pouvez prendre votre voiture (ou un bus) à Zagreb le matin, faire le plein quelque part en Allemagne et atteindre l'autre côté de l'Europe, la côte de la mer du Nord près d'Amsterdam, le soir même, sans dépasser les limites de vitesse : les pays très développés sont assez proches de la Croatie. Les Pays-Bas avaient un taux d'alphabétisation plus élevé en 1630 que la Croatie en 1900 ! L'histoire des influences turques, puis vénitiennes au cours de nombreux siècles, puis la balkanisation de la région a certainement son rôle dans ce développement et que les choses prennent tout simplement du temps.
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