56 Proposition complétive avec "da"

N
A
 DL 
G
24
I

Ce chapitre aborde la manière de former une proposition subordonnée complétive parce qu'elle vient compléter un verbe. Une proposition subordonnée se définit par "qui dépend syntaxiquement d’une autre proposition et qui ne peut former à elle seule une unité syntaxique complète" et le terme "complétive" qui joue le rôle de complément. La fonction de cette proposition est donc "complément d'objet" lorsque le sujet de la principale est distinct de celui de la complétive ou sujet du verbe si le sujet est le même.

Les propositions complétives accompagnent des verbes (parfois des substantifs ou des adjectifs) exprimant une déclaration au sens large parole, pensée opinion, connaissance ou encore sentiment (volonté, crainte, attente) ou perception (voir, entendre, sentir). Voici un exemple qui exprime une volonté de la part du sujet principal :

Želim (ona) [da razumije.] Je veux qu'elle comprenne. Ja to želim. Je le veux.

Dans le 1er exemple, la proposition complétive conjonctive est introduite par la conjonction de subordination da, la proposition complétive conjonctive (entre crochets) est COD du verbe de la principale. Dans le 2e exemple, le pronom to remplace toute la proposition subordonnée complétive exprimée dans le 1er exemple.

Voici deux exemples avec l'emploi d'un verbe perfectif et imperfectif. Dans le 1er cas, je souhaite que le livre soit lu en entier (verbe perf. = accomplissement) et dans le 2e, qu'il soit lu au moins en partie (verbe impf. = procès) :

Želi da pročitaš knjigu. Je veux que tu lises le livre. (en entier)

Želim da čitaš knjigu. Je veux que tu lises le livre. (en partie)

Dans l'exemple qui suit, l'ordre des mots ne change pas. Dans ce genre d'expression, on emploie souvent un verbe perfectif car on suppose que l'action se réalisera rapidement :

Htio¹ sam² [da¹ me² nazovešnazvati]. Je voulais que tu m'appelles. {m}

Un autre exemple avec le verbe perfectif dans la proposition complétive conjonctive. On constate que les mots de 2e position (se²) viennent juste après la conjonction de subordination da :

Želim [da se Ana vrati]. Je veux qu'Ana revienne.

À la forme négative, la particule de négation est placée avant le verbe de la complétive. En français, la négation est placée avec le verbe de la principale :

Želim [da ne pada kiša]. Je ne veux pas qu'il pleuve. (lit. "je désire que la pluie ne tombe pas"))

Après la conjonction da (y compris avec un verbe perf.), on ne peut utiliser que le présent. Le verbe auxiliaire bude se sustitue presque toujours à biti (je²) :

Toplo je. Il fait chaud.

Želim [da bude toplo]. Je veux qu'il fasse chaud.

Sretna si. Tu es heureuse.

Želim [da budeš sretna]. Je veux que tu sois heureuse.

L'emploi du présent après la conjonction de subordination da n'est pas systématique car le temps de la complétive est déterminé par le temps de la principale. Mais avec le présent, il n'y a pas d'indication temporelle dans une proposition complétive conjonctive avec un verbe exprimant la volonté comme željeti (želi,...) souhaiter, désirer. Elle suppose une projection future lorsque le verbe de la principale est au présent.

Voici 4 verbes plus courants (en fait, deux d'entre eux sont des paires verbales) qui peuvent être suivis d'un COD et d'une proposition subordonnée complétive :

moliti (+ A) (+ complétive) prier
pozivati («) ~ pozvati (pozove) (+ A) (+ complétive) inviter
slati (šalje) ~ po- (+ A) (+ complétive) envoyer
zahtijevati («) (+ od G) (+ complétive) exiger

Voici un exemple où le COD de la principale devient sujet de la complétive, par conséquent le verbe de la proposition complétive s'accorde avec ce "sujet" :

Molim te da zatvoriš prozor. Ferme la fenêtre, s'il te plaît. (Lit. ‘Je te prie de fermer la fenêtre.’)

La proposition subordonnée est dite complétive car elle complète la principale et peut prendre différentes formes (interrogative indirecte, infinitive, conjonctive), introduite par le subordonnant da. Ce subordonnant n’assure aucune fonction dans la subordonnée ; il est sémantiquement vide et il est toujours placé en tête de la subordonnée. Voici un autre exemple de proposition subordonnée complétive conjonctive :

Poslala sam ga da kupi kruh.® je l'ai envoyé acheter du pain (Lit. "Je l'ai envoyé 'pour qu'il achète du pain'.

Voici le verbe čekati attendre qui peut être suivi d'une proposition subordonnée complétive introduite par la conjonction de subordination da :

Čekam [da me nazovešnazvati]. J'attends que tu m'appelles.

La question appelle une réponse courte dans une proposition complétive introduite par la conjonction de subordination da, qui est COD de la principale :

Što želiš? Que veux-tu ?

— Da zatvoriš prozor. lit. ‘Que tu fermes la fenêtre.’

Voici 3 adverbes permettant de former une proposition principale à la forme neutre (3e pers. sing.) avec l'auxiliaire je². Comme pour toute construction neutre, le sujet est au DL. Cette proposition est suivie d'une proposition complétive conjonctive introduite par da au présent :

bitno important
stalo tenir à
važno important
  + DL + biti (je²) + proposition-da

Par exemple :

Bitno mi je [da ga nazovešnazvati]. Il est important ["que tu m'appelles"].

Stalo mi je [da dođešdoći]. Je tiens ["à ce que tu viennes].

La forme stalo a déjà été présenté au chapitre 52 Verbes dérivés de "Stajati".

On peut renforcer ces expressions avec des adverbes comme stvarno vraiment, jako très ou prilično assez, plutôt :

Ani je jako važno [da vratiš novce]. Il est très important pour Ana [que tu rendes l'argent].

Prilično važno je [da studiraš]. Il est plutôt important [que tu étudies]

Le substantif novce est la forme plurielle de novac (novc-).

Voici une autre expression formée avec stalo. En français, l'expression est inversée :

Stalo mi je [do tebe]. Je tiens à toi . (lit. tu es important pour moi)

D'autres verbes utilisés dans des propositions subordonnées complétives seront expliqués au prochain chapitre et au chapitre 71 Verbes : autoriser, interdire, conseiller.

L'expression drago mi je... dont le sens est je suis content... est formée sous la forme impersonnelle, cependant le verbe de la proposition complétive peut être au présent, au parfait ou au futur :

Drago mi je [da si ga nazvao]. lit. Je suis content ["que tu l'ais appelé]. {à m}

Drago mi je [da si ovdje]. lit. Je suis content ["que tu sois là].

Drago mi je [što će se organizarati zabava]. lit. Je suis content ["qu'une fête va être organisée.

La proposition qui suit est formée d'une proposition principale (verbe de volonté), suivie d'une proposition subordonnée complétive ("COD" = action souhaitée) introduite par la conjonction de subordination da, elle-même complétée d'une proposition circonstancielle de but (pourquoi) :

Želim [da kupiš mobitel] [da možemomoći
prés-1pl
razgovarati svaki dan
]. Je veux que tu achètes un téléphone portable [pour que nous puissions nous parler tous les jours]. ®

Pour exprimer un souhait, on forme le verbe voljeti (voli,...) au conditionnel suivi d'un verbe infinitif® si le sujet est le même ou d'une proposition subordonnée complétive introduite par da. Il permet d'exprimer un évènement hypothétique ou iminent. Le verbe qui suit voljeti peut être au présent, parfait et futur :

(1) 

Voljela bih [imati veliku kuću]. J'aimerais [avoir une grande maison]. {f}

Voljela bi [da sutra bude sunčano]. Elle aimerait [qu'il fasse beau demain]. {f}

Avec un verbe au passé ou au présent dans la subordonnée complétive. Le verbe de la subordonnée complétive dans le 1er exemple est au parfait que l'on peut traduire en français par un infinitif ou un subjonctif :

(2) 

Volio bih [da sam to znao]. J'aurais aimé [l'avoir su]. lit. que je l'ai su{m}

Volila bi [da imamo veću kuću]. Elle aimerait que [nous ayons une plus grande maison]. {m}

Veći plus grand est un adjectif comparatif. Nous verrons ces adjectifs au chapitre 63 Comparatif et superlatif : plus grand...).

Vous remarquerez qu'il n'y a pas de concordance des temps en croate contrairement au français.

Remarque : les propositions #2 sont des propositions subordonnées complétives conjonctives que l'on peut conjuguer par conséquent à tous les temps. Dans l'exemple ci-dessous, le verbe je² correspond bien à un présent et ne peut donc pas être remplacé par la forme bude qui marque le futur :

Volela bih da je sunčano! J'aimerais qu'il fasse beau ! lit. qu'il y ait du soleil {f}

Le conditionnel sera expliqué en détail au chapitre 70 Conditionnel : si j'étais.... Une proposition subordonnée complétive au futur hypothétique est formée de bude et non de la forme du présent je de biti  :

Voljela bih da bude sunčano sutra. J'aimerais qu'il fasse beau demain. {f}

On peut également employer les verbes htjeti (...) et željeti (...) au conditionnel, mais c'est plus rare.

Voici le tableau récapitulatif de l'emploi des temps des verbes dans une proposition subordonnée complétive, COD de la principale  :

želim volio bih drago mi je
...da si došao
...da si jeo
parfait
+ +
...čitati knjigu ®
verbe perf. inf
+ + (rare)
...da čitaš knjigu
verbe impf. au prés.
+ + +
...da kupiš knjigu
verbe perf. au prés.
+ +
...da bude toplo
le verbe (bude)
+ +
...da ćeš doći
...da ćeš jesti
futur
+

Ce cours se poursuit au chapitre suivant.

________

® Dans les régions du centre et du sud de la Bosnie, on emploie le terme kruh pain au lieu de hljeb. En Serbie, on emploie plutôt le terme "ékavien" hleb à la place.

En Bosnie et en Serbie, mobilni désigne un téléphone portable.

En Serbie, les expressions volio bih da... et volio bih + inf ont le même sens, mais à l'oral, l'emploi de l'infinitif est rare.

Dans le sud-est de la Serbie notamment, il est beaucoup plus courant d'employer des propositions subordonnées complétives introduites par la conjonction de subordination da au lieu de l'infinitif, ainsi on dira :

Želim [da pijempiti čaj]. Je veux boire du thé.

En Serbie, on emploie bude à la place de biti (proposition complétive avec un verbe exprimant la volonté). On reconnaît officiellement que bude est le prés-3 du verbe biti être, ce qui nous paraît incohérent d'un point de vue grammatical en Croatie.

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